Le rêve n'a de limite que l'horizon des marins













 
 

1669
Remorquage du "Tahitien" le 5 mai 1969
par le "Marquisien"



Le TAHITIEN, paquebot, jumeau du CALEDONIEN, mis à l'eau le 4 octobre 1952 par l'Arsenal de Brest et livré en janvier 1953.
Premier départ de Marseille le 12 février 1953 pour un voyage exceptionnel, puis mis en service sur la ligne Polynésie Australie Nouvelle Calédonie Nouvelle Hébrides via Panama. Sa carrière sur le Pacifique est émaillée d'incidents: deux échouages à Port Vila le 21 novembre 1956 et le 17 octobre 1958, quelques départs de feu en 1960, 1964 et 1968 rapidement maîtrisés.
Le 2 mai 1969 un incendie met la machine hors d'usage à 600 miles à l'ouest de Balboa. Pris en remorque le 5 mai par le Marquisien, ramené à Cristobal qu'il quitte le 28 juin, remorqué par l'Abeille 10. Celle-ci, victime d'un feu de machine est relayée à Fort de France par l'Abeille 15 qui le remorquera jusqu'à Marseille. Après réparation par la Sté Provençale des Ateliers Terrin, remis en service le 23 décembre 1969. De retour le 11 novembre 1971 à Marseille il ferme la ligne de paquebots vers Papeete, l'Australie et la Nouvelle Calédonie.
Vendu à Aphrodite Cruises, gérée par Med Sun Lines, il quitte Marseille le 15 décembre 1971, renommé ATALANTE sous pavillon Cypriote.
En 1991 il est renommé HOMERICUS pour un affrêtement par Epirotiki Lines.
Sous le même nom et pavillon, il est cédé en 1993 à Paradise Cruises et est exploité sur des croisières Chypre, Israël, Egypte. Refondu en 1998.
Dernier paquebot des Messageries Maritimes encore à flot, quitte Limassol en novembre 2004 à destination d'Alang pour démolition.


L'incendie du TAHITIEN,
entre Panama et Tahiti en mai 1969


Le Tahitien

commandant René DHERMAIN

le 2 Mai 1969, en route vers Tahiti,


souvenirs du commandant DHERMAIN
réunies par le commandant Claude PETRELLUZZI



le TAHITIEN (Cdt Dhermain) est complètement immobilisé, à environ 600 milles de Balboa (qu'il avait quitté 2 jours auparavant) suite à un incendie dans la machine qui a détruit une bonne partie de celle-ci. Le Marquisien (Cdt Bovis) qui se trouvait dans les parages, reçoit l'ordre de se dérouter et de prendre en remorque le paquebot (avec ses 273 passagers et 147 hommes d'équipage) pour le ramener à Balboa - 3 jours après, le Marquisien est au rendez-vous et les opérations de prise de la remorque débutent immédiatement. Le temps est beau, mer calme, vent nul -(encore une manifestation de la"bonne étoile" du navire, après ce "miracle" du feu qui s'est éteint tout seul avec la rupture d'un tronçon du collecteur d'incendie juste au dessus du principal foyer provoquant une énorme production de vapeur qui a finit par "étouffer" l'incendie... "la main de Dieu" pourrait-on dire.

3 mai 1969 – 10h00 L’annonce du remorquage prochain par le MARQUISIEN est accueillie dans une liesse bien compréhensible, et lorsque celui-ci apparaîtra à l’horizon 2 jours après, et se présentera tout près pour prendre la remorque, arborant son pavillon national à la poupe et le pavillon MM en tête de mât arrière, ce sera un véritable instant de bonheur pour tous les témoins de la scène. Mais surtout une vision inoubliable que ces 2 navires de la même compagnie, en plein Océan Pacifique, navires frères en quelque sorte, le cadet jeune et vaillant venu secourir l’aîné, blessé et handicapé  pour le ramener au bercail, en lieu sûr.
Quelle émotion et combien d’actions de grâce, invisibles et secrètes ont dû s’élever vers le ciel à cet instant ! La prise de remorque se fait rapidement , le Commandant note à ce propos : « le passage de remorque se fait comme à l’exercice.
La manœuvre du Cdt. Bovis a été remarquable de précision. Nous marchons  7 à 8 nœuds en remorque du 5 au 9 ,
RAS- le 9 à l’aube arrivé sur rade de Balboa, le MARQUISIEN largue la remorque et reprend sa route aussitôt
 »

 
 
Le marquisien s'approche en vue du remorquage.
Comme Maître d'Equipage à bord : Mr DENIEL de PLOUDALMEZEAU

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Message de Claude Pétreluzzi (18/10/2009)

J'ai, moi aussi 78 ans et j'ai peut être connu votre père, en tous cas je lui adresse mes félicitations pour ce remorquage réussi à 100 % par les équipages des 2 navires, ce qui est une preuve supplémentaire de la qualification des personnels des Messageries Maritimes à l'époque.
cordialement
Cdt Claude Pétrelluzzi

Pour la petite histoire, quelques détails avant de terminer ce récit :  Du 2 au matin au 5 midi, le TAHITIEN aura dérivé de 96 milles dans l’Est.
Dans la matinée du 3, grâce au groupe de secours, l’eau salée des WC est rétablie, mais l’eau douce est distribuée dans des seaux.
Le Cdt note : «la vie à bord est un camping de 420 personnes » le 4 mai il note encore : « un groupe électrogène ( GE 1) a pu être relancé.
On a de nouveau électricité et eau courante. La climatisation a été remise à la salle à manger des 1ères classes qui va servir de dortoir pour les  femmes et les enfants. Le moral des passagers et de l’équipage est correct,  seul le personnel ADSG est vert de  peur
 »
Le 9 mai, à Balboa, passagers et une grande partie de l’équipage seront débarqués pour être acheminés vers leurs destinations respectives.
Seule une équipe de conduite sera maintenue à bord jusqu’au retour du navire à Marseille mais pour certains officiers 

Commandant Second Capitaine, Chef-Mécanicien, Second Mécanicien, Officier de Sécurité Verdier, Officier Mécanicien)
les ennuis ne sont pas terminés. En effet, lors de l’enquête nautique qui sera menée, en Octobre 1969 à Marseille, par un Administrateur des Affaires Maritimes (Officier enquêteur) et un inspecteur mécanicien (expert) ils seront soumis à des interrogatoires « serrés » et feront l’objet d’accusations aussi graves qu’injustes (surtout messieurs Verdier et Soust qui se verront accusés de « faute grave dans l’exercice de la profession justifiant l’exercice du pouvoir disciplinaire du Ministre chargé de la Marine Marchande ».
Il leur a fallu se défendre encore plus contre ces accusations portées par des fonctionnaires certes sérieux mais rigoureux et sans
état d’âme qui n’ont pas vécu ce drame mais se permettent , du haut de leur perchoir, d’en juger les malheureux acteurs qui se
sont battus comme des lions, avec des moyens dérisoires pour sauver leur bateau.


Heureusement que le TMC, dans sa grande sagesse, n’a pas suivi le réquisitoire et a prononcé le non lieu général. Mais ça fait mal et j’ai mal encore pour ces 2 Officiers injustement incriminés, et je tiens, ici à honorer la mémoire de Mr.Soust (décédé accidentellement il y a peu ) et à donner un coup de chapeau aux 148 membres de l’équipage du TAHITIEN


Rédigé par Claude Pétrelluzzi ( 24 janvier 2006 ) 


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